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12 mai 2005

L'attaque du 10 mai 1915 (4e partie et fin)

Pertes du régiment au cours de ce combat

Dans son rapport, le capitaine Libéros dénombre un total de 108 hommes tués, blessés ou disparus, nuançant ensuite ce chiffre en précisant que certains hommes, blessés ou valides, avaient pu ultérieurement (les 11 et 12 mai) regagner les lignes françaises.

Le J.M.O., quant à lui, énonce les pertes suivantes pour les 1ère et 2e Cies du 74e R.I. :

Tués :

-          sous-officier : 1

-          caporaux et soldats : 6

Blessés :

-          officier : sous-lieutenant Olivier

-          sous-officiers : 9

-          caporaux et soldats : 45


Disparus :

-          sous-officier : 1

-          caporaux et soldats : 9

Soit : 7 tués, 10 disparus et 54 blessés.

Mes recherches sur Mémoire des Hommes m’ont permis, à ce jour, de trouver les fiches de 18 combattants du 74e R.I. tués au cours de ce combat :

Besnard, Henri, Joseph, né en 1888

Bougon, Roland, François, né en 1882, sergent

Chanu, Charles, Eugène, né en 1881    

Colé, Marcel, Raymond, né en, 1894    

Courtois, Georges, Edouard, né en 1890, caporal

Dubuc, Léopold, Juste, né en 1883         

Gautier, Maurice, Paul, né en 1890, sergent

Goulay, Jules, Emile, né en 1882         

Guillemâtre, Emile, Albert, né en 1890 

Lahure, Emile, Marcel, né en 1882       

Lesueur, Louis, Ernest, né en 1893                    

Neveux, Baptiste, Léon, né en 1890      

Niel, Albert, Maurice, né en 1888          

Picory, Louis, Georges, né en 1891

Quesnel, Ferdinand, Maurice, né en 1889          

Quesnel, Georges, Jean, né en 1893, caporal

Simonin, Albert, Henri, né en 1892         

Vic, Raymond, Félicien, né en 1893

Voir le diaporama.

Aujourd’hui, Lesueur (Louis, Ernest) est inhumé à la Nécropole de Berry-au-Bac et Chanu, Dubuc, Guillemâtre, Neveu, Picory, Quesnel (Ferdinand) sont inhumés à la nécropole de Pontavert.


pontavert023

Enfin, reste une énigme concernant le soldat Lesueur, Louis, Toussaint, né en 1883. Sa fiche indique qu’il a été tué le 11 mai 1915 à … Neuville-Saint-Vaast !! Or, le régiment n’y était pas encore à cette date et pour cause !! Alors, erreur de date ou de lieu sur la fiche ??? J’aurais tendance à privilégier une erreur dans la retranscription du lieu de décès et à penser que cet homme a bien été tué au Mont-Doyen, au côté de ses 18 camarades…

Pour finir sur cette affaire, je vous propose un dernier éclairage ; il s’agit d’une lettre que Roland Dorgelès écrivit à Mado. Il était alors au 39e R.I. et participa, avec son unité, à ces combats auxquels furent mêlées les deux compagnies du 74e R.I. :

13 mai 1915

Mon Madelon,

Impossible d'écrire depuis deux jours. Vu combat très violent dans les bois, près de Berry. Nuit et jour à la pièce, sous des rafales d'obus et dans une fusillade folle. Les attaques succédaient aux contre-attaques, ou inversement. Aujourd'hui, on croyait tout fini. Les boches recommencent à tirer. Il y a une heure, un minenwerfer est tombé à l'entrée de notre gourbi, arrachant tout et nous renversant pêle-mêle. Bien cru que c'était le dernier acte... En ce moment, 8 camarades, dont le sergent sont encore couchés, à demi conscients : l'ébranlement cérébral. On vient d'emporter 2 blessés. Poste très dur qui gêne les boches, car notre butte les fauche par files. Alors, ils bombardent. Nous avions deux abris pour les pièces, il n'en reste qu'un. L'autre défoncé par un obus : 3 morts dont 1 sergent.

Pendant leurs trois attaques, les Allemands ont perdu beaucoup de monde, par le 75 et nous - les pourceaux ont attaqué sans fusils, armés de revolvers, de grenades, et de couteaux à cran d'arrêt. Une boucherie dans les boyaux. Ils ont tout d'abord enlevé une partie d'un des bois, que nous avons repris à la baïonnette. Pendant ce temps-là nous fauchions au tir rapide leurs réserves qui arrivaient.

Je t'écris de ma pièce, dans une sorte de trou où l'on ne peut se tenir à genoux, et par mon créneau, entre les boches et nous (250 mètres) j'aperçois les morts étendus - les nôtres et les leurs. Spectacle déchirant qui n'émeut même plus.

Hier, toute la nuit, on entendait les blessés appeler: « Un tel, tel régiment ... Ne me laissez pas... je suis blessé... je vais mourir ... » Et les autres qui râlaient « Maman ». Atroce ! Et impossible d'y aller : les fusées et les projecteurs donnaient, et les balles sifflaient dru. Enfin, on a pu aller les chercher hier au soir, quel soulagement! ! Ils avaient passé 40 heures dehors, entre les cadavres, sous les obus. Les boches nous avaient fait l'honneur d'envoyer contre nous le 84e prussien, le régiment de l'impératrice. Nous y avons fait des trous...

Quelles heures ! Quel spectacle ! Un de nos régiments a contre-attaqué en criant « France ! France ! » avec les clairons. C'était fou. A ce moment c'est moi qui tirais (chargeur et tireur se remplacent car on s'énerve assez rapidement), je te jure que je fauchais avec rage.

Tout près d'ici, dans un boyau, un Prussien cloué sur le parapet, d'un coup de baïonnette, comme un papillon. Tête renversée. Zut, encore un mineur à l'entrée du gourbi ! Sûrement ils préparent encore une contre-attaque. Suis flapi, mange à peine et dors pas.

Dès que nous aurons « décroché » ici, nous partirons enfin pour la fameuse destination inconnue. Mais, pour l'instant, impossible de bouger. Nous sommes depuis midi complètement coupés des 2e lignes : boyaux bouleversés, éventrés. Peu importe

Ils ne passeront pas.

Comment va Becque ? Peu de gens dans son entourage immédiat, semblent souffrir de le voir si cruellement atteint.

C'est vrai, on oublie, comme on les oublie tous. Quelle misère !!

Je t'embrasse bien fort.

Roland.

In « Je t’écris de la tranchée », Roland Dorgelès, 2003, Albin Michel, pp. 272-273. A lire absolument pour mieux connaître l’auteur des Croix de Bois !! A ce propos, je rappelle ce petit post dans lequel il était déjà question de Dorgelès

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Commentaires
S
L’arrière Grand_père de mon Épouse,<br /> <br /> Jean FOURGEAUD est décédé le 16 juin a l'hopital ste clotilde refusant de se faire soigner par les allemands suite aux accrochages du 11 au 16 mai<br /> <br /> <br /> <br /> Jean Fourgeaud, MPLF
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X
Il se peut que j'ai le meme cas dans ma famille ou un oncle de mon grand pere le soldat auguste eugene caron soldat du 24e ri "venu du 74e"(c'est ce qui est marqué sur sa fiche) est mort au meme endroit. Il se peut donc (mais ce n'est qu une hypotèse) qu'il soit avec d'autres venues en renfort du 24e ri pour l'attaque. De plus ce sont tous les 2 des regiments normands ce qui pourrait justifier le choix du 74e en soutient du 24e.<br /> Quand pensez vous ?
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