Les combats du Labyrinthe - 4
Quittons un peu le J.M.O. et les rapports. Mais, avant de revenir aux témoignages de combattants, je vous propose de faire un petit détour par la presse de l'époque.
Le Miroir
Extraits des communiqués officiels ouvrant le journal chaque semaine (où l'on constate que l'on en finit pas d'avancer... Mais jusqu'où s'arrêteront-ils nos braves soldats ??? ;-)
3 juin
Nous avons enlevé de nouvelles tranchées dans le Labyrinthe, au sud de Neuville-Saint-Vaast.
4 juin
Lutte d'artillerie au nord d'Arras, avec des actions d'infanterie à l'est de Notre-Dame-de-Lorette, où les positions n'ont pas varié, et dans la région du Labyrinthe, où nous avons progressé. Dans les trois derniers jours, nous avons fait ici 800 prisonniers et capturé deux mitrailleuses.
5 juin
Nous avons (...) gagné 100 mètres encore dans le Labyrinthe.
6 juin
Nous avons réalisé des progrès (...) dans le Labyrinthe où nous avons gagné 450 mètres.
7 juin
Nous avons progressé de 100 mètres dans le Labyrinthe dont nous tenons maintenant les deux tiers.
8 juin
Au Labyrinthe, nous avons poursuivi notre marche vers le réduit central, en repoussant toutes les contre-attaques.
9 juin
Dans le Labyrinthe, après avoir refoulé une offensive, nous avons accompli de légers progrès.
10 juin
Dans le Labyrinthe, nous avons avancé au sud-est.
11 juin
Nous progressons dans le Labirynthe.
Etc. (à noter que d'autres unités - de la 53e D.I. - étaient engagés au Labyrinthe en même temps que le 74e R.I.)
Le Pays de France
Sur cette photo, parue dans le n° 41, juillet 1915, de la revue le Pays de France, trois combattants du 74e R.I. posant en Artois. Titre : "Après la prise de la Targette". La photo n'est pas située. Si quelqu'un a une idée... Je remercie grandement Michel Moreau qui m'a signalé ce document. Sans lui, il n'était pas possible de deviner que ces hommes étaient du 74e R.I., la censure obligeant la presse àretoucher les photos publiées, et notamment à masquer les numéros des unités apparaissant sur les pattes de col des uniformes des combattants. Le soldat de droite est le grand-père de son épouse, Marcel LEMENU. Il était alors infirmier au 74e R.I. (classe 1906). Il est passé à travers les rafales d'aciers...
L'Illustration
Extrait d'un article de Francis Dortet, paru dans le numéro du 19 août 1916, et rapportant un épisode des combats du Labyrinthe parmi tant d'autres. Je n'ai pas réussi à retrouver l'identité de ce brave caporal-fourrier :
" C'est au cours de ces journées du Labyrinthe que le caporal-fourrier S..., du 74e régiment d'infanterie, resté seul avec une vingtaine d'hommes dans une tranchée qu'ils venaient d'assaillir, organisa une magnifique résistance. Presque cerné, sans liaison avec le reste du régiment, blessé d'une balle à la main, il maintint la position conquise à coups de grenades pendant des heures. Il espérait être ravitaillé en munitions pendant la nuit, sinon renforcé, et il exaltait par son entrain le courage de ses camarades. Une nouvelle balle le blessa à la tête. Il s'affaissa et on l'étendit au fond du boyau.
- Tenez bon ! dit-il aux autres. Nous serons dégagés. Avez-vous encore des grenades ?
Hélas ! la provision s'épuisait... Et il n'y avait déjà plus de cartouches... Les Allemands pouvaient, par une brusque irruption, faire prisonniers ces vingt braves désormais sans défense.
Le caporal-fourrier S... leur donna l'ordre de battre en retraite.
- Le jour vient et dans une heure il serait trop tard ! On voulut l'emmener. Il refusa.
- Je vous embarrasserais, protesta-t-il. Rejoignez le régiment et rendez compte de la situation, je reste.
Au petit jour, en effet, les Allemands refluèrent de ce côté, mais pas pour longtemps. Car les émules du caporal-fourrier S... ne tardèrent pas à les déloger une fois de plus de la position, et dans un bel élan conquirent une autre ligne de tranchées ennemies. "