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© BLEU HORIZON - 74e R.I. ©
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29 novembre 2005

Le brancardier Prévost...

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Jean-Claude, grand ami du 74e, m'a transmis un document qui me donne l'occasion d'éclairer la fin d'un brave du 74e R.I. : une illustration pleine page d'un journal de l'époque relatant l'équipée de quelques brancardiers du 74e R.I. Voici la légende :

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Les casques, le paysage de cette illustration, tout renvoie à Verdun... Alors je cherche... Des Prévost dans la liste des tués du 74e, il y en a quelques-uns. Des Prévost tués à Verdun, il n'y en a plus que deux... dont un appartenant à la C.H.R. comme musicien-brancardier... C'est donc notre homme ! Tué à la Caillette, le 4 avril 1916, d'après sa fiche.

prevost3

PREVOST, Marie, Stanislas, Augustin, René.

Je suis déjà content de pouvoir relier ce dessin, cette page de gloire, à cet homme. Ils sont si nombreux à n'avoir, aujourd'hui, plus que leur nom dans la liste des tués et sur quelque monument aux mort, sans rien d'autre... Alors, à chaque fois que je peux redonner un peu de vie à ces hommes perdus - un visage, une citation, une évocation, n'importe quoi qui lui redonne une épaisseur - je suis heureux...

Pour Marie Prévost, j'ai même pu aller plus loin... je sentais que cette équipée de brancardiers me disait quelque chose... Alors, j'ai continué à chercher... Et c'est ainsi que je retrouvais une évocation des derniers instants de ce brancardier. Il s'agit d'un extrait du carnet de route d'un autre brancardier du 74e R.I. :

6 avril 1916

[…] Un homme passe ; on lui demande où est le poste de secours des premières lignes. « Là… à droite… dans le fond ». Nous y arrivons ; des blessés sont là. Nous avons mis une demie-heure pour venir de la Redoute Blanche ; il faut plus d’une heure pour aller à la Grande Redoute. A quatre, PREVOST, DEHAIS, DUCLOS et moi, nous pouvons transporter un blessé, trois dans la nuit si tout va bien. Il y en a, par terre, autour de nous, plus de vingt.

C’est une tâche impossible. Au hasard (on choisissait toujours les blessés les moins lourds [...]), nous en prenons un. En route !

Le tir de barrage continue à tonner avec fracas. La nuit est sillonnée d’éclairs. On s’aplatit pour laisser passer une rafale ; on reprend le brancard, se relève, avance lentement. Mais voici que tout à coup, du fond de l’horizon, arrive un souffle puissant qui s’achève en une explosion sourde. Je suis debout dans la nuit. DUCLOS se relève. DEHAIS a la lèvre coupée et s’éponge la figure avec un mouchoir plein de sang. Notre blessé est étalé à côté du brancard et PREVOST a un éclat dans le cou qui l’a tué net. Nous remettons le blessé sur le brancard. DEHAIS et moi le porteront à deux. Nous ne voulons pas abandonner le corps de PREVOST ; DUCLOS le charge sur ses épaules : nous l’enterrerons à la Redoute. […]

Et, effectivement, grâce à ses camarades, le corps de Marie PREVOST ne restera pas sur le champ de bataille. Il repose aujourd'hui dans la nécropole du Faubourg-Pavé, à Verdun, tombe 3657. Grâce à Jean-Luc, autre ami du 74e résidant à Verdun et maniant l'appareil-photos comme nul autre, voici sa tombe :

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A noter qu'entre ces différents éléments, la date de décès est assez mouvante... Il me reste à trouver, un jour, une photo de cet homme...

Je tiens vraiment à remercier Olivier, Jean-Claude P. et Jean-Luc K. sans qui il m'aurait été impossible de rassembler ici ces quelques traces éparses d'un homme du 74e. Je posterai prochainement, en mémoire de Marie PREVOST la Chanson des Brancardiers du 74e R.I...

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Commentaires
O
Bonjour,<br /> <br /> Quand j'ai passé ce dessin à Jean-Claude je ne savais pas ce qu'il allait en faire. Mais ce que vous en avez fait est un magnifique hommage et un très bel exemple de recherche policière!<br /> C'était passionnant. <br /> <br /> Merci<br /> <br /> Olivier
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