3 avril 1916 - Témoignage - 02
Le 4 avril, voici justement ce que notait sur son carnet un brancardier du 74e R.I. :
[…] « Des blessés ? Mais il y en a deux cents dans les tranchées de tir ! On ne peut les apporter ici ; il n’y a même plus de place pour la liaison. Restez ici, et ce soir, vous irez les chercher en ligne. Mais qu’est-ce que vous espérez faire avec un brancard par compagnie ? »
Nous restons, écrasés de fatigue. »
Et le 6 :
« […] Un homme passe ; on lui demande où est le poste de secours des premières lignes. « Là… à droite… dans le fond ». Nous y arrivons ; des blessés sont là. Nous avons mis une demie-heure pour venir de la Redoute Blanche ; il faut plus d’une heure pour aller à la Grande Redoute. A quatre, Prévost, Dehais, Duclos et moi, nous pouvons transporter un blessé, trois dans la nuit si tout va bien. Il y en a, par terre, autour de nous, plus de vingt.
C’est une tâche impossible. Au hasard (on choisissait toujours les blessés les moins lourds […]), nous en prenons un. En route ! »
Ces quelques lignes en disent long sur les difficultés des équipes de brancardier et sur le destin tragique des combattant blessés… Je rappelle ici le message posté il y a quelques temps que j'avais consacré au brancardier Prévost évoqué plus haut, et qui fut tué au cours de ces combats : le brancardier Prévost.
In "Bulletin de l’Amicale des Anciens du 74e R.I."