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31 octobre 2007

Charles Roussel - 05

... ou : une femme dans les tranchées !

Je vous propose de retrouver - enfin ! - le lieutenant Charles Roussel dont j'ai déjà évoqué le souvenir dans mes messages précédants.

Nous sommes à la fin de l'année 1915. Les combats de l'Artois sont un mauvais souvenir (un très mauvais souvenir), et le régiment se trouve dorénavant en ligne dans la Somme. C'est une mission très particulière que va se voir confier le lieutenant Roussel : son chef de bataillon lui annonce que "Madame la commandante" va venir, ce soir, visiter le secteur et poussera notamment jusqu'aux tranchées de premières lignes, tenues alors par la 3e Cie du lieutenant Roussel ! Rien de plus ! Madame Chambouillat dans les tranchées de la Somme !! Le commandant lui demande donc de veiller à ce que cette visite se passe sans incident et discrètement.

Et effectivement, à la nuit tombée, le commandant présente sa femme aux officiers, dans l'abri du petit état-major du bataillon ; elle est coiffée d'un casque, vêtue d'un ample manteau de cavalerie et chaussée d'élégantes bottes montantes. Un petit en-cas est servi. Les officiers "constatent avec plaisir que la commandante paraît bien plus jeune qu'ils ne se l'imaginaient. Elle est ravissante, discrètement parfumée - ce qui contraste avec agréablement avec l'odeur de vieux culots de pipes qui imprègne le gourbi."

La visite proprement dite des tranchées de première ligne fut alors conduite par le lieutenant. Le secteur était calme, quelques rares coups de canon au loin. Au terme de cette inspection très particulière, il sera même proposé de lancer quelques fusées comme clou de la visite, mais la commandante refusera, afin de ne pas agiter inutilement le secteur.

Bref, Madame fut ravie et tout se passa très bien... si ce n'est un guetteur qui, non informé de la particularité de la visite, laissa échapper, depuis le renfoncement de son créneau de veille, un claquant "Hé, mon lieutenant, ça sent la pute !" Tout le monde fit mine de ne rien entendre cependant que le lieutenant Roussel serrait les fesses... ;-)))

Un des poilus relatant la scène ajoute que Madame la commandante, "revenue à Rouen, n'eut rien de plus pressé que de raconter ses prouesses. Cela parvint aux oreilles des "huiles" qui infligèrent quinze jours d'arrêt" au commandant...

Madame la commandante fut veuve quelques mois plus tard. Son mari, tué au bois de la Caillette en avril 1916, fut inhumé sur place, en présence du lieutenant Roussel qui, lui-même, serait très grièvement blessé quelques heures plus tard. Mais ça, j'y reviendrai ultérieurement...

Ci-dessous, un document rare : les épouses des officiers du 74e R.I., photographiées lors d'une invitation de Madame la Colonel Schmitz, en 1913 ou 1914, à Rouen. Madame Chambouillat y est très probablement présente car son mari était présent au corps à cette époque... Madame la Colonel est au centre, debout et en noire.

OFFICIERES

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Commentaires
S
Salut Jérôme, <br /> <br /> Cette anecdote est notamment relatée en détail par Charles Toussaint, dans son ouvrage "Petites histoires d'un glorieux régiment". @+ Stéphan
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J
Je voudrais pas faire du Queneau, mais j'avoue avoir bien ri... Un message très réussi. Quelle est la source de tes citations ?
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