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6 septembre 2008

Unis comme au front...

« Ceux qui vous traitent de brute casquée se méprennent du tout. Ils ne comprennent pas que ce que vous  regrettez dans la guerre, c’est l’amour ; c’est le seul lieu où vous avez pu aimer puissamment les hommes ».


Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun, Bernard Grasset Editeur, 1925.

bert



Marcel Bert et Auguste Borderieux étaient de la classe 1916. Après une instruction reçue au 9e bataillon du 74e R.I., ils rejoignent, le 20 avril 1916, le régiment sur le front, en compagnie d’environ 200 autres « Marie-Louise ».

Un mois plus tard, ce sera pour ces gamins de 20 ans le baptême du feu… et quel baptême : direction Verdun, et attaque du fort de Douaumont… Une trentaine seulement de ces 200 sortira indemne de la fournaise.

Auguste Borderieux comptera parmi les blessés. Marcel Bert, lui, s’en sortira, mais sera blessé quelques mois plus tard au bois Bouchot.

Dès leurs classes, ces deux-là avaient sympathisé ; et cette amitié, que renforcera encore l’épreuve du feu, les liera toute leur vie.

Marcel Bert prononcera, le 11 avril 1943, un bel éloge de son camarade à l’occasion de la remise de la Légion d’honneur à Auguste Borderieux. Et ce sera encore lui, alors âgé de 80 ans, qui dira en des termes émouvants l’ultime adieu au camarade Borderieux, devant son cercueil, le 26 février 1976.

Il ne s’agissait pas d’une camaraderie de façade affichée aux seules réunions publiques et autres banquets de l’Amicale des Anciens du 74e. Dans l’intimité, cette amitié était tout aussi sincère et profonde. En témoignent ces quelques lignes extraites d’une lettre que Marcel Bert envoya à Auguste Borderieux, le 23 mai 1922 :

« Mon cher Auguste,

Je te remercie d’avoir bien voulu m’adresser un petit mot à l’occasion de l’anniversaire de Douaumont. Je vois que cette date, de tragique mémoire, est à jamais gravée dans ton esprit ; moi-même, tous ces jours-ci, et en particulier hier et aujourd’hui, je n’ai cessé de penser à l’effroyable aventure dans laquelle nous avons bien failli laisser notre peau.

[Suivent la narration de la journée du 23 mai 1916 à Douaumont et la façon dont Auguste Borderieux se porta volontaire pour aller en patrouille avancée avec Bert alors qu’il aurait pu en être dispensé ayant déjà été de corvée la nuit précédente… – et on peut imaginer ce que signifiait « partir en corvée » de soupe et de café en pleine attaque du fort de Douaumont ce 23 mai 1916…]

[…] Nous sommes côte à côte. Nous attendons un moment l’accalmie favorable. Puis, après nous être consultés du regard, tu sautes…. toc ! toc ! toc ! ... Je saute immédiatement derrière toi… toc ! toc ! toc ! ... et tombe sur toi juste pour entendre ton cri : « Je suis blessé ! »

Ton courage, ton dévouement et ton sang-froid t’ont mérité mon admiration ; je suis heureux de te le redire, mon vaillant ami, à l’occasion de ce sixième anniversaire du jour où tu offris ta vie pour la France de si généreuse façon. […] Je suis fier d’avoir été le témoin de ton attitude très courageuse au cours de ces combats. »

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