De Bordeaux à l'Artois en passant par Beauvais... André Récapet - II
André Récapet est né le 6 avril 1895. Il passe les premières années de sa scolarité à Bordeaux avant de partir, à Beauvais, suivre les cours de l’Institut Agricole International. Quelques jours avant que n’éclate la guerre, il soutient sa thèse : « Une exploitation viticole dans l'Entre-deux-Mers (Gironde) », et obtient ses diplômes de Capacité Agricole et d’Ingénieur d’Agriculture I.A.B.
De la classe 1915, le jeune diplômé est appelé sous les drapeaux le 16 décembre 1914. Il rejoint le dépôt du 108e R.I., à Bergerac, et y reçoit, pendant un peu plus de six mois, son instruction militaire. Le 10 juin 1915, il est envoyé en renfort vers la Zone des Armées et est affecté au 9e bataillon du 36e R.I. (bataillon d’instruction et de renfort de la 5e D.I.), en Artois.
Il restera trois mois dans ce bataillon, parfaisant son instruction et effectuant des travaux de terrassement en première ligne. Le 16 septembre 1915, soit neuf jours avant le déclenchement de la grande offensive du 25 septembre, il est envoyé en renfort au 74e R.I. … Son cousin, Augustin Récapet, suit le même parcours, et c’est ensemble qu’ils sont affectés à la 4e Cie du régiment…
A cette date, la 4e Cie est commandée par le capitaine de Mareschal de Luciane, officier venant de la cavalerie.
Mais avant de suivre André Récapet au sein du 74e R.I. et pour clore ce second billet qui lui est consacré, voici une première lettre qu’il rédigea à son arrivée en Artois. Son premier contact avec le front, juin 1915…
" Dimanche
4hrs soir [certainement le 13 juin]
Chers
Parents
Le temps a bien changé j'entends le canon et
ça tonne sans intermitance et d'une façon colossale et pourtant nous sommes
loin de la ligne de feu. J'ai vu 2 gros obus éclater derrière nos batteries de
120 long qui leur expedie quelque chose comme pruneaux.
Nous sommes à 12 kms derrière Arras au milieu
des voitures de ravitaillement qui défilent en longues files sur les routes. Depuis les plus petites autos, jusqu'aux gros autobus parisiens c'est à
qui va le plus vite vers son but et les conducteurs ont un travail
considérable, ils n'arrêtent jamais ni le jour, ni la nuit surtout la nuit.
On va nous amener un peu plus en arrière pour
nous former régulièrement en attendant plus de danger, mais ça ne durera pas
longtemps. "
Dans les lettres qui suivront, André Récapet
nous donnera à connaître la vie qu’il mena durant les quelques semaines qu’il
passa au 9e bataillon du 36e R.I. Instruction et, en quelque sorte, acclimatation progressive à
l’enfer : la guerre sans la faire mais tout en y étant déja…